Etape 39 : Pau nord - Lescar ↔ Estialescq (5,7+25,1 kms) | 24/04/2016 - 12:44 | Je reprends mon Chemin en cette année 2016 exactement là où je l'avais laissé un an plus tôt. Je ressens une grande émotion à retrouver le lieu de mon arrivée en 2015 : l'hippodrome de Pau. Pour gagner du temps, je me décide à avancer de six kilomètres vers Lescar après une journée entière en co-voiturage. Le lendemain matin au petit-déjeuner à mon hôtel je rencontre dans ce lieu improbable (hôtel excentré dans une zone commerciale) un pèlerin australien ! J'en croiserai quelques autres dans la journée. Le ciel est nuageux dans cette campagne béarnaise vallonnée et magnifique. Les chemins sont boueux car il a beaucoup plu ces derniers jours. J'ai de la chance : le soleil fait quelques apparitions et j'atteinds le petit village d'Estialesq et ma chambre d'hôte à peine fatigué dans l'après-midi.
Etape 40 : Estialescq ↔ Sarrance (30,8 kms) | 25/04/2016 - 08:25 | De mon départ (ici sur la photo) d'Estialescq je garderai un excellent souvenir. D'abord parce que j'ai fait étape dans une chambre d'hôtes en tout point remarquable avec un accueil formidable, ensuite parce que du piémont pyrénéen où je me trouve, j'ai droit à une vue imprenable sur les Pyrénées bien enneigés avec des champs de colza en fleurs. La journée de marche sera néamoins longue avec quelques traversées de chemins bien boueux. Dans le petit village de Sarrance, je loge chez les frères Prémontrés avec un couple d'allemands et le pèlerin australien croisé l'avant-veille à Lescar. L'endroit est spartiate, mais l'essentiel est là.
Etape 41 : Sarrance ↔ Urdos (27,2 kms) | 26/04/2016 - 11:44 | L'accueil des frères Prémontrés s'est révélé très chaleureux. La journée s'annonce ensoleillée et très agréable. En effet, après le sympathique village d'Accous (sur la photo), j'atteinds la vallée d'Aspe qui signe mon entrée dans les Pyrénées. En chemin, je retrouve le couple d'allemands avec lequel je marche jusqu'à Urdos, dernier village avant le célèbre col du Somport. Dans un gîte quasiment neuf adossé à une épicerie bien fournie, nous passons une excellente soirée.
Etape 42 : Urdos ↔ Canfranc-Estación (20,0 kms) | 27/04/2016 - 11:16 | Cette journée marque une étape importante car avec le franchissement du col du Somport j'entre en Espagne. Voilà une belle étape de montagne avec quelques névés encore bien présents à l'approche du col. Les températures sont bien fraîches versant français et l'environnement change du tout au tout lorsque je redescends en Espagne : d'un paysage de forêts humides d'altitude en France, je découvre des alpages bien dégarnis et plus secs côté espagnol. La station de Canfranc déroute un peu : elle possède la taille d'une ville avec sa gare frontalière immense, mais les rues sont totalement désertes. J'y fais étape avec d'autres pèlerins.
Etape 43 : Canfranc-Estación ↔ Jaca (23,7 kms) | 28/04/2016 - 08:40 | Je quitte la ville fantôme de Canfranc sous un froid vif. Cette étape doit me mener à Jaca, une ville importante du piémont pyrénéen dans la province d'Aragon. Je marche une bonne partie de la journée avec un autre français rencontré la veille au col du Somport. En chemin nous croisons le couple d'allemands. Le soir à Jaca, nous dinons dans un super restaurant ensemble avec le pèlerin australien, celui-là même que j'avais croisé la première fois à mon départ de Lescar cinq jours plus tôt.
Etape 44 : Jaca ↔ Artieda (42,3 kms) | 29/04/2016 - 15:09 | Voici l'étape qui restera la plus longue de mon périple vers Compostelle. A mon départ sous un froid glacial le matin, je décide pourtant de faire étape dans un village 22 kms plus loin car ensuite je ne trouve sur mon topo-guide aucune solution d'hébergement au-delà sur plus de 20 kms. Un peu après midi, je retrouve le pèlerin français déjeunant sur un banc. Nous faisons le point car il est tôt et nous sommes quasiment arrivés à notre étape du jour. Lui me propose, pourquoi pas, de poursuivre jusqu'à Artieda 20 kms plus loin (nous en avons déjà fait 22 le matin). Nous sommes en forme et prenons la décision d'y aller ensemble. Vers 19h00 nous atteignons notre but fatigués, mais inquiets : et si le seul gîte du village était fermé ? Nous sommes vite rassurés : un vieil homme dans le village nous accompagne jusqu'au gîte grand ouvert.
Etape 45 : Artieda ↔ Sangüesa (32,9 kms) | 30/04/2016 - 09:04 | Le départ se fait dans le froid et la journée est ponctuée de quelques averses suivies d'éclaircies, un vrai temps de giboulée en cette veille de 1er mai. La nuit a été réparatrice après mon étape marathon. Les paysages d'Aragon traversés sont magnifiques comme ce lac artificiel que je longe en mâtinée. Pourtant cette retenue d'eau sur le cours de la rivière Aragon est contestée par la population rurale locale. Les inscriptions hostiles sont partout. En rraivant à Sangüesa j'entre dans la province de Navarre.
Etape 46 : Sangüesa ↔ Monreal (28,1 kms) | 01/05/2016 - 14:34 | Il fait toujours aussi froid le matin. Je quitte mon albergue avec le pèlerin français comme la veille. Nous marchons un moment ensemble puis nous rattrapons un couple d'australiens. Il y a beaucoup d'australiens et d'allemands sur le Camino Aragones. Les paysages sont bien vallonnés, limite montagneux. Il faut dire que depuis Jaca, je longe le piémont pyrénéen côté espagnol. Ce piémont compte un nombre incalculable d'éoliennes géantes. Il y en a beaucoup sur cette étape : sur une crête j'en compterai plus de 110 !
Etape 47 : Monreal ↔ Punta-la-Reina (31,6 kms) | 02/05/2016 - 13:45 | Depuis le col du Somport, je marche de temps à autre avec le sympathique pèlerin français qui m'a accompagné dans toutes mes étapes depuis la frontière. Sans en avoir l'air, il est endurant et réussit à tenir la distance. Le matin, nous passons au sud de la ville de Pampelune que nous apercevons au loin : cette fois-ci je ressens l'appel du célèbre Camino Francès que j'atteindrais dans l'après-midi avant Punta-la-Reina. Je suis impatient de découvrir cette voie millénaire dont on m'a si souvent parlé. Les paysages cultivés sont colorés avec du blé, des fêves (en premier plan sur la photo), du colza en fleurs...
Etape 48 : Punta-la-Reina ↔ Ázqueta (29,8 kms) | 03/05/2016 - 19:49 | De mon départ de Punta-la-Reina le matin, je garderai le souvenir du nombre impressionnant de pèlerins quittant les gîtes au compte gouttes, plusieurs centaines sans doute. Beaucoup commencent leur Chemin depuis Saint Jean-Pied-de-Port ou Roncevaux. Aussi je m'efforce de privilégier les petits villages pour faire étape, comme ici dans le chaleureuse petite albergue d'Ázqueta. De gauche à droite, nous trouvons : un espagnol, une américaine, un espagnol, un italien (caché), une américaine (Colorado), le français avec qui je marche de temps en temps, un italien, une argentine, et encore un italien (dont on aperçois légèrement le crâne dégarni)... je le recroiserai dix jours plus tard en déjeunant sur un banc à Sahagun ! Dans d'autres étapes je trouve des australiens, des coréens, des suisses, des belges, des scandinaves, des canadiens, des brésiliens... Personne ne se connaissait avant dans cette pièce, mais
l'ambiance est pourtant festive...
Etape 49 : Ázqueta ↔ Viana (33,0 kms) | 04/05/2016 - 13:21 | Je démarre le matin assez tôt, vers 7h30. Depuis que j'ai rejoint le Camino Frances, certains pèlerins quittent leur albergue vers 6h00-6h30. Il fait frais, mais le ciel est totalement bleu aujourd'hui sans un nuage. Les larges vallées cultivées de Navarre se succèdent et offrent au regard de lointaines perspectives. Il n'y a quasiment aucun arbre car ces espaces sont largement cultivés : blé, colza principalement, asperges, fêves, oliviers et vignes maintenant plus présents.
Etape 50 : Viana ↔ Ventosa (29,5 kms) | 05/05/2016 - 15:31 | La journée est clémente avec un ciel voilé l'après-midi et des températures idéales. En cette cinquantième étape, je traverse Logroño sur l'Ebre, la capitale de la Rioja en compagnie du pèlerin français et d'un autre , belge. Les paysages sont beaucoup moins variés qu'en Aragon et en Navarre, mais plutôt reposants avec pas mal de vignes et des champs de blé. J'arrive à Ventosa en milieu d'après-midi dans une albergue trois étoiles cosmopolite, avec beaucoup de nationalités différentes.
Etape 51 : Ventosa ↔ Santo-Domingo-de-la-Calzada (31,8 kms) | 06/05/2016 - 14:50 | A mon départ, le ciel est couvert et il a plu toute la nuit. Ensemble avec le pèlerin belge nous marchons et nous devisons. Il me raconte son incroyable parcours : il a traversé dix ans plus tôt la France sur 1200 kms à pied sans un centime d'euro, il a été moine bénédictin, il a été missionnaire en Afrique, il est maintenant marié avec deux enfants... A Najera, nous rejoignons le pèlerin français. Il est visiblement fatigué et légèrement souffrant. Il décide de s'arrêter pour la nuit dans cette ville. Je le salue avec émotion car nous nous reverrons probablement jamais. L'après-midi, je progresse dans de larges vallées cultivées de blé et de vignes, larges vallées bordées par des montagnes calcaires dont certaines sont enneigées au loin.
Etape 52 : Santo-Domingo-de-la-Calzada ↔ Espinosa-del-Camino (31,3 kms) | 07/05/2016 - 15:16 | Le nombre de pèlerins quittant Santo-Domingo le matin est impressionnant. Le volume des hébergemnts dans cette petite ville l'est tout autant avec deux gîtes avoisinants les 250 places... J'ai passé ma nuit dans une abbaye cistercienne accueilli par une soeur qui ne parle ni français, ni anglais. Les espagnols sont loin d'être polyglottes, encore moins que les français. J'y trouve pourtant un suisse francophone et un jeune français. Le suisse est parti de chez lui (Chaux-de-Fond) un mois et demi plus tôt. Je découvre parmi les pèlerins et pèlerines beaucoup d'étudiants de tous pays. Je comprends aussi qu'un grand nombre de pèlerins termine leurs étapes vers 12-13h00 en observant devant les albergues croisées des files d'attentes en début d'après-midi. Personnellement, je réserve la veille pour le lendemain et fais des étapes plus longues.
Etape 53 : Espinosa-del-Camino ↔ Cardeñuela-Riopico (28,2 kms) | 08/05/2016 - 13:30 | En cette journée placée sous le signe des averses, je franchis une petite chaîne de montagne à l'est de la province de Burgos et en Castille-et-León, le Montes d'Oca. Comme à l'accoutumée, depuis Punta-la-Reina je croise beaucoup de pèlerins le matin. Les paysages changent : de larges vallons cultivés je passe dans des forêts de chênes et de pins ressemblant étrangement aux montagnes du Haut Languedoc. Après déjeuner, je m'active car le temps s'assombrit de plus en plus. Les derniers kilomètres sont faits sous une pluie battante et un vent cinglant de face.
Etape 54 : Cardeñuela-Riopico ↔ Rabé-de-las-Calzadas (29,1 kms) | 09/05/2016 - 11:39 | Deux heures après mon départ du gîte j'atteins Burgos, capitale de la province éponyme. J'en profite pour visiter le joyau de l'art gothique qu'est sa cathédrale. J'y passe plus d'une heure, mais il en faudrait bien plus pour faire le tour de toutes ces splendeurs d'architecture religieuse. La suite du parcours sans grand intérêt (faubourgs de Burgos et grandes infrastructures longées) me fait entrer de plein pied dans la Meseta centrale, ce vaste plateau d'altitude du nord de l'Espagne en Castille-et-León.
Etape 55 : Rabé-de-las-Calzadas ↔ Castrojeriz (27,4 kms) | 10/05/2016 - 11:24 | L'étape est largement plus intéressante que la veille : les paysages sont très ouverts sur des champs cultivés bien verts ou en jachère. Il a beaucoup plu ces derniers temps, aussi j'emprunte le Chemin dans une configuration boueuse. L'ambiance est des plus sympathiques avec beaucoup de pèlerins croisés dans mon albergue d'étape et sur le Chemin en journée. Un retient mon attention : c'est un français du Nord de 76 ans qui tracte une cariole à cause de ses problèmes de dos. Il avance aussi vite que moi malgré quelques passages chaotiques dans la boue.
Etape 56 : Castrojeriz ↔ Población-de-Campos (29,5 kms) | 11/05/2016 - 08:36 | A Castrojeriz, j'ai dormi à l'hôtel car les dortoirs bondés des albergues ne me font plus rêver. Les pèlerins sont bienveillants mais trop bruyants pendant mon sommeil. C'est donc après une nuit réparatrice que j'entame mon étape dans une belle montée encombrée de pèlerins. L'ambiance est plutôt chaleureuse avec des marcheurs et marcheuses ouverts et sympathiques avec qui j'échange quelques mots de temps à autre. La Meseta centrale s'étend à perte de vue.
Etape 57 : Población-de-Campos ↔ Calzadilla-de-la-Cueza (33,3 kms) | 12/05/2016 - 15:30 | A mon départ du recommandable hôtel de Población-de-Campos, le ciel chargé avec un plafond nuageux bas laisse augurer une journée mouvementée. Ce présage se confirme : quelques minutes plus tard, j'ai droit à une pluie de plus en plus forte et un vent de face. Le moral en prend un coup car l'étape est longue. Finalement la pluie cesse et un ciel nuageux plus structuré se met en place. En fin de mâtinée, j'atteins Carrion-de-los Condes, sec. Je décide d'y faire une halte pour manger car ensuite il n'y a plus aucun village sur 17 kilomètres. J'emprunte donc un chemin rectiligne sur 17 kilomètres. Les paysages sont beaux grâce à un ciel très structuré (comme ici sur la photo).
Etape 58 : Calzadilla-de-la-Cueza ↔ Sahagún (23,0 kms) | 13/05/2016 - 10:30 | Cette cinquante-huitième étape depuis mon départ d'Antibes est la dernière de l'année 2016. Je quitte le Chemin en pleine Meseta centrale à Sahagún. L'étape est plus courte car j'ai un train à prendre dans l'après-midi qui doit me conduire à Hendaye. Une fois de plus, je pars sous un ciel nuageux lâchant parfois quelques faibles averses. J'avance bien. Il y a toujours autant de pèlerins en chemin. De temps à autre nous discutons ensemble. Je croise notamment un français, puis une jeune allemande avant Sahagún qui marche d'un bon pas. C'est décidé, je terminerai mon Chemin l'année prochaine.
Etape 59 : Sahagún ↔ Reliegos-de-las-Matas (31,9 kms) | 24/04/2017 - 13:56 | Comme mon objectif de départ en cette année 2017 est d'atteindre la grande ville de León en deux jours, je me risque à faire plus de 30 kilomètres pour cette cinquante-neuvième étape. Au menu, je longe une route peu fréquentée et plus loin, une voie ferrée et une autoroute. Les paysages sont monotones, mais je suis enthousiaste à l'idée d'aller au bout du Chemin cette nouvelle année. Il fait particulièrement chaud sur cette étape et l'après-midi paraît interminable. Mais j'arrive à bon port pas trop fatigué et sans ampoules. Le tenancier du gîte n'est pas très sympathique, mais mes compagnons de chambrée français et anglo-saxons sont avenants.
Etape 60 : Reliegos-de-las-Matas ↔ León (24,9 kms) | 25/04/2017 - 10:14 | L'image présentée est trompeuse : elle présente un passage aménagé bucolique de quelques mètres dans ce qui restera sans doute une des étapes les plus inintéressantes de mon pèlerinage. En effet, je longe, une bonne partie de la journée, une route nationale avec un bon trafic de poids-lourds sous un ciel gris, obligé parfois de cheminer sur le bas-côté de la voie. Les paysages ici sont moches, traversant une urbanisation périphérique anarchique à l'approche de la ville de León. A son entrée, je suis accueilli chaleureusement par la protection civile espagnole qui m'indique toutes les commodités de la ville.
Etape 61 : León ↔ Hospital-de-Órbigo (33,1 kms) | 26/04/2017 - 08:13 | A l'image de cette statut de pèlerin fatigué à la sortie de León, j'ai droit à une nouvelle longue étape ennuyeuse de plus de 30 kilomètres. Souhaitant échapper au plus vite à cette Meseta assommante autour de León, je choisis d'emprunter le Chemin historique qui longe une route nationale, mais me fait gagner plus de 5 kilomètres. La légende dit que certains y sont morts de chagrin ! Pour couronner le tout, je traverse un temps de giboulée avec en prime une averse de grésil car il fait froid en cette fin avril. Le lendemain, le patron de l'hôtel d'Hospital-de-Órbigo me promet une étape bien plus intéressante.
Etape 62 : Hospital-de-Órbigo ↔ Santa Catalina-de-Somoza (27,5 kms) | 27/04/2017 - 13:50 | Je quitte mon hôtel sous un froid polaire (- 2°C). Le parcours est enfin digne d'intérêt. Après 2-3 heures de marche au milieu d'autres pèlerins, j'arrive devant una tienda (une épicerie) perdue dans la campagne et tenue par un jeune ermite tatoué et très avenant. Il offre à qui veut boissons, biscuits, fruits... et propose le donativo (libre participation financière). Arrivé à Astorga, un évêché autrefois conquis par Napoléon, j'engloutis une tortilla avant de visiter la magnifique cathédrale de cette ville. Après une fin de Meseta ennuyeuse, cette étape me réconcilie avec le Chemin.
Etape 63 : Santa Catalina-de-Somoza ↔ El Acebo (28,3 kms) | 28/04/2017 - 14:01 | La veille, à mon étape j'ai dîné avec un hongrois et une australienne dans une petite albergue. Instants partagés conviviaux. Le matin, je pars dans un froid qui me transperce : il fait -5° C. Il faut dire que nous sommes en altitude et qu'en ce jour d'étape montagneuse je passe à plus de 1500 m par la Cruz-del-Ferro, un calvaire monumental implanté dans les monts de León. Ce col marque la frontière avec la province d'El Bierzo, à l'extrême nord-ouest de la Castille et León. J'y traverse des bruyères splendides multicolores, quelques forêts de pins. En guise de dessert, je m'offre une chambre d'hôtel de grand luxe pour 35 € (petit déjeuner compris) dans le petit village d'El Acebo. La bâtisse en pierre de granit est entièrement restaurée (parquet en chêne, robinetterie en laiton...) les finitions sont parfaites.
Etape 64 : El Acebo ↔ Cacabelos (32,5 kms) | 29/04/2017 - 09:30 | Cette longue étape se fait sous un ciel dégagé et des températures enfin de saison. A mon départ, j'accompagne un couple de français, puis un suisse-allemand, enfin je retrouve à Molinaseca (photo) le pèlerin hongrois. Nous marchons ensemble jusqu'à Ponferrada, capitale de la province d'El Bierzo. S'ensuivent 15 kilomètres de route bitumée pratiquement jusquà mon étape. Arrivé à Cacabelos, alors que je cherche mon hébergement, je tombe sur une petite chapelle dédiée à Saint Roch, le pèlerin saint patron de Montpellier. Je suis accueilli chaleureusement par un paroissien avec qui nous échangeons sommairement dans un espagnol approximatif pour ce qui me concerne.
Etape 65 : Cacabelos ↔ Vega-de-Valarce (24,8 kms) | 30/04/2017 - 08:49 | Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Le temps est pluvieux. Aussi, je décide d'écourter mon étape en empruntant le Chemin historique après Villafranca-del-Bierzo plutôt que de passer par la variante montagneuse toute proche. La plupart des autres pèlerins en font de même. Cette voie longe une route en fond de vallée, mais rend l'étape monotone de fait. En mâtinée, alors que la pluie redouble sur une averse, je fais une pause dans un bar bien chauffé (dehors il fait 6° C). J'y rencontre un couple de français partis en 2007 de chez eux à Bordeaux. Je poursuis mon Chemin jusquà Vega-de-Valarce.
Etape 66 : Vega-de-Valarce ↔ O Biduedo (26,6 kms) | 01/05/2017 - 11:30 | Le Chemin réserve bien des surprises : en ce jour du 1er mai, je marche dans la neige. Avec le froid, il a neigé la veille au-dessus de 1000 m d'altitude. Il faut dire que cette étape me fait franchir le célèbre O Cebreiro à plus de 1400 m d'altitude qui marque la ligne de partage entre les régions de Castille et León et de Galice. Je suis heureux de me retrouver là en Galice, cette région dont tant de pèlerins m'ont parlé. Avec la Galice, les paysages changent : les prés verts sont abondants et les reliefs s'arrondissent.
Etape 67 : O Biduedo ↔ Sarria (25,0 kms) | 02/05/2017 - 08:08 | Pour ma première matinée en Galice, j'ai droit à un lever de soleil sur fond de brouillard en vallée. Les paysages de Galice valent le détour : reliefs granitiques et paysages verdoyants font penser à la Bretagne. Je descends de 1200 à 450 m d'altitude et les températures s'en ressentent. En fin d'étape, je rejoins un groupe de quatre français de La Rochelle croisé lors de ma montée d'O Cebreiro la veille. Une pèlerine du groupe m'avait donné une photo de sa région avec un message personnel où il est question des bénéfices de l'intuition. Nous devisons donc sur l'intuition sur le chemin de nos existences. Elle me fait part de sa croyance en une foi non religieuse, aux hasards qui n'en sont pas et à la synchronisation des évènements dans la vie des hommes...
Etape 68 : Sarria ↔ Castromaior (32,1 kms) | 03/05/2017 - 09:01 | En partant de Sarria quatre jours avant d'arriver à Santiago, je traverse un brouillard tenace donnant une ambiance mystérieuse et feutrée au Chemin. De Sarria à 115 kilomètres de Santiago, la fréquentation du Chemin augmente singulièrement : beaucoup de pèlerins débutent ici leur parcours pour décrocher la Compostella. Les paysages sont toujours aussi reposants et mon arrivée à Castromaior, un petit hameau, se fait sous un soleil de plomb. Je m'introduit dans une chambre d'hôtes très très modeste et déserte craignant la solitude des lieux. Alors que je me douche, j'entends mon hôte discuter avec des français : un groupe de quatre français viennent eux aussi y faire étape.
Etape 69 : Castromaior ↔ Melide (31,7 kms) | 04/05/2017 - 07:27 | Comme la veille, je démarre mon étape dans le brouillard. Une demie-heure plus tard, me voilà au-dessus des nuages à la faveur d'une courte ascension. L'instant est magique (photo). Chemin faisant, je me fais doubler par deux cyclistes allemands, un jeune accompagnant un autre plus âgé qui marche péniblement aux côtés de son vélo dès qu'il amorce une montée. Je suis touché car cela fait trois jours que nous nous doublons et nous recroisons sur le Chemin. Je discute avec le plus jeune de tout, de rien. Nous nous reverrons finalement par hasard... dans la maison des pèlerins à Saint Jacques au moment de retirer notre Crédenciale.
Etape 70 : Melide ↔ A Brea (27,9 kms) | 05/05/2017 - 10:07 | A l'image de la précédente étape, le parcours est bien vallonné avec un nombre croissant de pèlerins une heure après mon départ. Sous un régime d'averses, je traverse des forêts d'eucalyptus. Il y en a beaucoup depuis que je suis parti de Melide. Il semble bien que ces forêts odorantes soit une des spécificités de la Galice. Cette région du nord-ouest de l'Espagne me réserve d'autres surprises bien agréables : des spécialités gastronomiques à des prix raisonnables, des paysages envoutants, une population souriante et bienveillante...
Etape 71 : A Brea ↔ Santiago-de-Compostella (25,6 kms) | 06/05/2017 - 19:01 | Cette étape n'est pas comme les autres car elle marque la fin symbolique de mon périple depuis Antibes en me conduisant à la cathédrale de Saint Jacques-de-Compostelle. Les forêts d'eucalyptus géants (plus de 40 mètres pour certains individus) donnent le vertige. Puis en matinée, j'atteins le Monte del Gozo (Mont de la Joie), cette colline d'où l'on aperçoit pour la première fois le sanctuaire de Saint Jacques à 5 kilomètres de là. Mon arrivée dans la cathédrale se fait dans une certaine émotion. J'ai du mal à réaliser de me trouver là où des millions de pèlerins se sont succédés depuis plus de 1000 ans. Le lieu est riche d'une fréquentation qui ne tarit pas. La superposition des styles baroques dans certains chapelles et gothiques dans sa partie centrale témoignent d'une intense activité religieuse sur un millénaire. Beaucoup de pèlerins terminent leur Chemin à Santiago. Je décide comme quelques uns de poursuivre le lendemain le mien vers le cap
Finisterre distant d'environ 90 kms.
Etape 72 : Santiago-de-Compostella ↔ Vilaserio (34,7 kms) | 07/05/2017 - 08:00 | Je n'ai pas honte de le dire : cette étape m'a bien fait souffrir. Plus par la nature du Chemin sur des routes de campagne goudronnées en plein soleil et après une nuit agitée que par la distance parcourue. Les paysages sont certes à la hauteur (comme ici après mon départ de Santiago), mais je ne m'attendais pas à marcher sur du bitume une bonne partie de la journée. Résultat, j'hérite de deux ampoules. Le nombre de pèlerins a singulièrement diminué par rapport à la veille. Je croise une jeune italienne en partant le matin, une pèlerine avec qui je ferai étape à Vilaserio, un joli petit hameau de Galice.
Etape 73 : Vilaserio ↔ Hospital (26,9 kms) | 08/05/2017 - 17:59 | L'étape est plus courte, mais je continue inlassablement mon parcours sur des routes bitumées. Mon pied gauche en souffre. Finalement je termine mon périple comme je l'ai commencé, avec des pieds malmenés. Les paysages ruraux de Galice sont toujours aussi agréables. J'approche de la mer et en ressens l'impression. Je rencontre également beaucoup d'horeo (sur la photo), ces constructions galiciennes en pierre de granit destinées au stockage des céréales après la récolte, isolées du sol pour protéger le grain de l'humidité et des animaux.
Etape 74 : Hospital ↔ Cabo Fisterra (31,4 kms) | 09/05/2017 - 12:27 | Ca y est, j'arrive au bout de mon périple : le cap Finisterre, la pointe extrême occidentale de l'Europe. De mon départ du petit village d'Hospital, je retrouve enfin durablement une piste en terre. Les pèlerins sont plutôt rares ici. J'en croise peu. Après deux heures et demi de marche, j'aperçois enfin la mer, je perçois aussi une odeur iodée qui m'émeut. J'atteins enfin la plage de Langosteira (derrière la photo) qui précède de plusieurs kilomètres le village de Fisterra. Au moment où je marche sur le sable, le brouillard fait son apparition donnant aux lieux un caractère fantomatique. Après un bref déjeuner à Fisterra, je continue vers l'ouest pour rejoindre le cap éponyme distant de 2-3 kilomètres. Une grande émotion m'envahis lorsque j'atteins le but ultime de mon voyage. Une pèlerine pique-niquant au pied de la mer me surprend à pousser un cri de joie. Cette fois-ci, la mer met un terme à ce voyage initiatique. Devant moi, sur ma gauche et sur ma droite, je ne vois que de l'eau. Il me faut rentrer à la maison.
2059 kilomètres parcourus à pied sur le chemin de Compostelle entre Antibes et le Cap Finisterre en Galice. Il m'aura fallu fractionner ce périple sur quatre années pour y parvenir :
2014 entre Antibes et Grabels à travers la Provence et la Camargue → 443 kms en 16 étapes.
2015 entre Grabels et Pau à travers le Haut Languedoc, le Lauragais, le Gers et la Bigorre → 558 kms en 22 étapes.
2016 entre Pau et Sahagún à travers les Pyrénées, l'Aragon, la Navarre, la Rioja et la Meseta → 593 kms en 20 étapes.
2017 entre Sahagún et le cap Finisterre à travers la Meseta, El Bierzo et la Galice → 465 kms en 16 étapes.